Nous voici en face de l'une des curiosités de la nature.
Un phénomène très rare. La rivière qui sort de la grotte de Fontestorbes coule
par intermittence. Cette fontaine vauclusienne se déverse en cascade de la
grotte pendant 36 minutes et 36 secondes, puis s'arrête pendant 32 minutes et 30
secondes. Le débit est de l'ordre de 1600 litres à la seconde mais peut
atteindre 3000 litres à la seconde après un orage. Le passage du débit presque
nul au débit maximum et inversement s'effectue en quelques minutes. Les
pulsations souterraines responsables de cette intermittence ne se produisent
cependant que de juillet à octobre. Certaines années de sécheresse, le phénomène
peut durer jusqu'en janvier. Le reste de l'année, la fontaine coule en
permanence. Le phénomène d'intermittence est d'une régularité astronomique. La fontaine de Fontestorbes est alimentée par un bassin
de 80 km2 comprenant la partie orientale du massif de St Barthélemy, du Mont
de la Frau, du haut bassin de l'Hers et la partie occidentale du plateau de
Sault. En l'absence de pluie et donc d'eau d'infiltration, la source est alimentée
par les importantes réserves souterraines estimées à 30 millions de m3. Ces
réserves sont situées sous les terres imperméables autour de Fougax et Barrineuf.
  
Tout au fond... de la grotte
Le phénomène d'intermittence de cette source a toujours
intrigué les hommes. La 1ere explication satisfaisante a été donnée en 1857
par monsieur Darcy. Il a imaginé un réservoir souterrain, vidangé au travers
d'un siphon. En période de basses eaux, le débit de la vidange est supérieur
à celui de remplissage. Donc le réservoir se vide plus vite qu'il ne se remplit
et le siphon ce désamorce. Dans ce cas, la vidange s'arrête jusqu'à ce
que le réservoir se remplisse à nouveau et que le siphon s'amorce.

En 1969, monsieur Mangin démontra à l'aide d'expériences
que l'explication couramment admise jusqu'à cette date ne correspondait pas
à Fontestorbes. Pour que le mécanisme à siphon puisse fonctionner, il faut que
le débit de vidange soit très supérieur à celui de remplissage. Mais les mesures
effectuées à Fontestorbes démontrent que l'intermittence débute avec un débit
de vidange de 1245 litres à la seconde et un débit de remplissage de 1040 litres
à la seconde.Le nouveau modèle proposé est constitué d'un réservoir
vidangé par un conduit principal et par un conduit secondaire. Pour que le modèle
fonctionne, il faut que le départ du conduit secondaire, au niveau du réservoir,
soit situé au même niveau que le raccordement du conduit secondaire sur le conduit
principal. De ce fait, les deux extrémités du conduit secondaire étant au même
niveau, aucune pression n'existe dans ce conduit. Le passage de l'eau dans la
conduite principale va créer une dépression dans la conduite secondaire aspirant
l'air qui s'y trouve. L'air ainsi aspiré par la conduite principale dans la
conduite secondaire va prendre la place de l'eau et ainsi diminuer le débit
de vidange. La diminution du débit de vidange permet au réservoir de se remplir
à nouveau. Lorsque le niveau d'eau du réservoir dépasse l'entrée du conduit
secondaire, la prise d'air disparaît. Le débit de vidange reprend son débit
nominal. Et le phénomène recommence.D'excellentes explications sur le fonctionnement de la Fontaine
de Fontestorbes (avec expérience à la clé) sont fournies
sur le site :

En 1956, des spéléologues ont découvert à 1120 mètres au
Sud / Est de Fontestorbes, le gouffre de Caoujous. Une fois le gouffre désobstrué,
l'exploration fit apparaître une succession de puits aboutissant à 70 mètres
de profondeur à une galerie. Chaque extrémité de cette galerie débouche sur
un lac souterrain. Lors de la période d'intermittence de Fontestorbes, le niveau
de ces lacs varie de plus de quatre mètres avec la même régularité que la fontaine.
Ces variations sont accompagnées de toutes sortes de bruit allant du grondement
au chuintement de la fuite d'air. Les mesures faites au gouffre de Caoujous
font apparaître qu'il fait partie du mécanisme d'intermittence. Il sert probablement
de prise d'air au système. Les fontaines intermittentes sont extrêmement rares. A l'heure
actuelle, une trentaine sont connues dans le monde. Mais aucune n'a l'importance
de celle de Fontestorbes.Cette fontaine a été chantée par le poète Guillaume de Salluste
du Bartas. Dans la "Septième semaine" de sa création, paru en 1958, il la compare
à une horloge :"Flot docte à bien compter, qui guide par nature
Le temps très sûrement, sans horloge ou mesure"
(Texte extrait de "Guides des Pyrénées mystérieuses" éditions "Princesse" de
1976)
 
Cette fontaine possède bien sûr ces légendes, comme celle
de la belle Angèle. Comme beaucoup de grottes, celle-ci était habitée autrefois
par les fées qui s'appelaient ici les "Encontados". Celles-ci avaient l'habitude
de laver leurs linges dans la source avec des battoirs d'or. Près de
la grotte habitait à la métairie de "Pierrets", la belle Angèle qui venait de
se marier. Le jour où elle se trouva enceinte, une des fées, qui avait l'habitude
de passer les veillées aux "Pierrets", lui demanda de venir accoucher dans la
grotte pour que les fées puissent l'aider. Pour remercier Angèle d'avoir accepté,
la fée lui offrit une baguette permettant d'exaucer tous les vœux. Angèle utilisa
la baguette avec beaucoup de modestie. De ce fait, le bonheur ne quitta pas
les "Pierrets" durant toute sa vie. Sentant sa mort proche, elle remit la baguette
à ces enfants en leur recommandant de ne pas la fractionner. Mais chacun voulait
un morceau et ils ne résistèrent pas à la tentation. A peine brisée, la baguette
perdit tout pouvoir. (Cette légende est tirée du document distribué par l'agence
intercommunale du tourisme du pays d'Olmes)
Les courageux pourront grimper sur le haut des falaises.
Ils trouveront à cet endroit l'oppidum du Mayne. Cet oppidum fut le dernier
refuge des Celtibères libres du pays de Sault. Vous pourrez voir à cet endroit
les ruines des murs qui encerclaient un village de la Tène (200 à 100 avant
JC). Les fouilles effectuées permirent de découvrir une grande quantité d'objets
en fer tel que ornements de courroies, de fourreaux, de bagues, de bracelets
et de fibules en bronze. Le peuple qui habita ici commerçait avec des contrées
lointaines. On a découvert, sur le site, des pièces de monnaie ibères des Ilergétes
de Lérida, des Volques Tectosages de Toulouse, de Narbonne, de Marseille et
des Celtes d'Armorique. L'oppidum fut déserté après la conquête romaine. Aucun
vestige postérieur à la conquête romaine ne fut trouvé sur le site.
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